La tendinite du tendon d’Achille
Sommaire
La tendinite du tendon d’Achille est caractérisée par de la douleur et de l’oedème dans le tendon d’Achille. Cette condition est différente de la tendinite d’insertion du tendon d’Achille où la douleur et l’œdème sont localisés à l’endroit où le tendon d’Achille s’insère sur l’os du talon. La tendinite du talon d’Achille est souvent associée à une augmentation du niveau d’activité et tend à survenir chez les patients entre trente et quarante ans. Le traitement est habituellement conservateur et inclus une période initiale où les symptômes diminuent suivi par une reprise graduelle des activités. Le traitement inclus : éviter les activités qui peuvent aggraver la condition, l’utilisation d’une surélévation du talon ou une chaussure avec un talon qui décharge le tendon, une médication anti-inflammatoire (si tolérée) et des exercices désignés à étirer et renforcer le tendon d’Achille.
Présentation clinique
La tendinite du tendon d’Achille est une condition chronique caractérisée par de la douleur et de l’œdème dans le tendon d’Achille. Les symptômes sont souvent causés par l’œdème et l’inflammation du tissu (couche synoviale) qui entoure le tendon d’Achille. De ce fait, la condition peut être mieux décrite sous le nom de “Ténosynovite du tendon d’Achille” (inflammation de la couche qui entoure le tendon d’Achille). La localisation des symptômes dans la tendinite du tendon d’Achille est directement sur le tendon d’Achille, ce qui la différencie de la tendinite d’insertion où la douleur se localise au point où le tendon d’Achille s’attache sur l’os du talon (figure 1).
La tendinite du tendon d’Achille est souvent associée à une augmentation du niveau d’activité comme par exemple débuter un nouveau programme d’entraînement ou tenter de reprendre un niveau d’activité normal après une blessure à un autre endroit dans le pied ou la cheville. La récente popularité des souliers avec un talon négatif dans le but de redonner du tonus aux muscles de la jambe a résulté en une augmentation des tendinites du tendon d’Achille puisque ces chaussures tendent à augmenter le poids passant à travers le tendon d’Achille. L’irritation de la membrane synoviale qui entoure le tendon d’Achille est soit causée par une pression directe par le port de chaussure ou par une irrégularité dans le tendon d’Achille lui-même (exemple : un nodule d’une tendinose du tendon d’Achille). Alternativement, le tendon d’Achille peut subir des micros déchirures quand ce dernier est mis en surcharge et la réponse du corps à guérir ses micros déchirures peut aussi contribuer aux symptômes. Malgré le fait que la douleur origine du tendon d’Achille, le tendon lui-même est habituellement intact et la présence d’une tendinite du tendon d’Achille n’augmente pas le risque de rupture de ce dernier.
Examen physique
L’examen physique va habituellement révéler un œdème et une douleur autour du tendon d’Achille. Le médecin peut percevoir l’œdème et l’inflammation de la couche de tissus autour du tendon d’Achille. S’il y a une histoire d’une blessure associée, il est important de s’assurer que le tendon est intact et que le problème n’est pas en fait une rupture du tendon d’Achille. Ceci est fait en performant le test de Thompson où le patient se met sur le ventre avec les genoux pliés à 900. Le mollet est serré et le pied devrait bouger si le tendon d’Achille est intact.
Imagerie
Le rayon-X est habituellement négatif à moins qu’il y ait une calcification dans le tendon d’Achille, ce qui est habituellement rare sauf chez les patients âgés. Une IRM peut donner des détails sur les tissus mous, mais n’est habituellement pas indiquée pour une évaluation initiale d’une tendinite du tendon d’Achille à moins que le médecin veuille répondre à une question spécifique (exemple : est-ce que le tendon d’Achille est intact?).
Traitement
La majorité des tendinites du tendon d’Achille peuvent être traitées efficacement de manière non chirurgicale. Cela implique habituellement une période pour permettre aux symptômes de s’amenuiser, suivi d’une période graduelle de retour aux activités normales. Les éléments du traitement non chirurgical peuvent inclure :
- Modification des activités. À court terme, il peut être nécessaire d’arrêter les activités qui provoquent les symptômes. Un nouveau programme d’entraînement – n’importe quelle nouvelle activité qui met en charge le tendon d’Achille – devrait être réévaluée et arrêtée, à tout le moins jusqu’à temps que les symptômes se résorbent. Les chaussures problématiques devraient être modifiées pour éviter qu’elles ne causent une récurrence des symptômes.
- Modification des chaussures. Il est important d’éviter les chaussures qui précipitent ou aggravent les symptômes. En général, l’utilisation de chaussures confortables sera bénéfique. Des modifications aux chaussures peuvent également être utiles. Certains patients se sentiront plus confortables dans des chaussures avec une légère surélévation des talons (ou l’addition d’une surélévation du talon dans la chaussure). Une augmentation dans la hauteur du talon aura tendance à décharger le tendon d’Achille. Les patients devraient éviter les chaussures à talons négatifs (c’est-à-dire que la hauteur du talon est plus basse que la hauteur de l’avant-pied) puisque cela a été démontrées comme augmentant la force passant par le tendon d’Achille et peut donc amener au développement de la tendinite du tendon d’Achille.
- Médication anti-inflammatoire. La médication anti-inflammatoire prise une à trois fois par jour peut aider à diminuer les symptômes à court terme et briser le cycle de douleur et d’inconfort. Cependant, pour un traitement à long terme efficace, les anti-inflammatoires devraient être combinés à d’autres méthodes de traitement non chirurgical.
- Étirement du mollet et du tendon d’Achille. Une raideur dans le muscle du mollet augmentera la force qui passera à travers le tendon et prédispose ainsi le tendon à des microdéchirures. Un programme d’étirement du mollet est une partie importante du traitement.
- Exercices de soulèvement du talon double. Un programme de renforcement à haute répétition et faible résistance du mollet peut être très efficace dans l’étirement et le renforcement du tendon d’Achille et du mollet. Le soulèvement du talon double fait de manière contrôlée et performée lorsque l’on se tient debout sur le rebord d’une marche d’escalier (pour permettre plus de mouvement de la cheville) peut être très utile. Le programme devrait débuter par cinq séries de cinq répétitions et progresser sur quelques semaines de dix à quinze séries de quinze répétitions.
- Exercices excentriques du tendon d’Achille (exemple : chute du talon). Les exercices contrôlés où le tendon d’Achille se fait allonger lorsque le muscle du mollet se contracte ont été démontrés très utiles pour améliorer les symptômes associés aux tendinites achilléennes. Un exemple de ce type d’exercice est la « chute du talon » où le patient se tient sur ses orteils lorsqu’il se retrouve sur le rebord d’une marche d’escalier. Ensuite, le patient descend tranquillement ses talons sous le rebord de la marche en même temps qu’il étire et renforce son tendon d’Achille. Cela peut être réalisé les deux jambes en même temps (bilatéralement) ou pour un effort plus sérieux, une jambe à la fois. Cela peut également être réalisé les genoux en extension (en mettant l’emphase sur le gastrocnémius) (figure 2) ou les genoux fléchis (en mettant l’emphase sur le soleus). Le patient devrait graduellement augmenter cet exercice en réalisant cinq séries de dix répétitions. Ces exercices devraient être faits cinq à six fois par semaine durant la phase active des traitements puis trois fois par semaine pour minimiser les chances de récurrence des symptômes. Il est CRUCIAL que ces exercices soient faits avec prudence, puisque cet exercice a le potentiel d’apporter une pression excessive sur le tendon lui-même. Le patient devrait toujours effectuer un réchauffement pour débuter (exemple : activer la circulation sanguine avec un exercice sur vélo pour cinq à dix minutes) avant de réaliser ces exercices.
- Injection de PRP. Certaines études préliminaires ont démontrées qu’une injection de PRP (Plasma-Rich-Protein) prise du sang même du patient peut stimuler la guérison. Cependant, aucune évidence définitive n’a démontré que les injections de PRP étaient plus efficaces que le traitement traditionnel ou même que le traitement par placebo.