Conflit Antérieur de la Cheville
Introduction et présentation clinique
Le conflit antérieur de la cheville est une des cause les plus communes de douleur à l’avant de l’articulation de la cheville (Figure 1). Le conflit antérieur de la cheville décrit un pincement d’ostéophytes ou de cicatrisation de tissu mou à l’avant (aspect antérieur) de l’articulation de la cheville. Ce coincement est aggravé par la marche ou par un penchement vers l’avant (dorsiflexion de la cheville). Souvent, ce coincement est dû au développement d’excroissances osseuses, aussi connues sous le nom d’ostéophytes. Ces croissances osseuses se forment à l’avant de l’articulation de la cheville sur l’os supérieur de la cheville (tibia) et/ou sur l’os inférieur de la cheville (talus). Parfois, des tissus mous irrités peuvent causer un conflit antérieur de la cheville. La formation d’ostéophytes peut résulter de mouvements forcés fréquents de la cheville vers le haut (dorsiflexion), ou bien par l’action de se pencher au-dessus de la cheville avec le talon planté au sol. Le soccer et la danse sont des activités qui peuvent engendrer la formation d’excroissances osseuses, tout comme les entorses récurrentes de la cheville. Les ostéophytes peuvent aussi être le résultat de début d’arthrose de la cheville.
Signes et symptômes associés au conflit antérieur de la cheville
S’accroupir, se pencher et monter les escaliers ou les pentes inclinées sont des activités qui engendrent un pincement des excroissances osseuses à l’avant de la cheville, menant souvent à une douleur à l’aspect antérieur de la cheville.
Imagerie pour le conflit antérieur de la cheville
Les ostéophytes à l’avant de la cheville peuvent être visualisés à l’aide d’une radiographie de la cheville montrant le côté de celle-ci (vue latérale). Ces excroissances ont l’apparence d’un « bec » osseux qui origine de l’avant de l’articulation de la cheville. Ces ostéophytes servent à bloquer physiquement le mouvement de la cheville vers le haut (Figure 2). La taille de l’excroissance osseuse peut varier de très petite à très large (Figure 3). Les radiographies peuvent aussi démontrer une arthrite de la cheville légère, modérée ou même sévère.
Dans les stades plus précoces du conflit antérieur de la cheville, une IRM (imagerie par résonance magnétique) peut démontrer de l’inflammation ou une accumulation de fluide à l’avant de l’articulation de la cheville. Une IRM peut aussi identifier la cicatrisation de tissus mous causant le coincement antérieur de la cheville.
Traitement non chirurgical du conflit de cheville antérieur
Au début, les traitements de cette affection sont axés sur l’étirement, la physiothérapie, les médicaments en vente libre, le port de semelles intérieures et les infiltrations intra-articulaires. Quelques traitements non chirurgicaux qui peuvent être potentiellement efficaces sont les suivants:
- L’utilisation d’un talon légèrement élevé: le port de chaussures ayant un talon de 1 à 1.5 pouces (ou l’insertion de talonnettes élévatrices à l’intérieur des souliers) permet de ne pas devoir soulever le pied très haut dans le cours de la démarche normale. Ainsi, il y a moins de coincement au niveau de la cheville et les patients ressentent moins de symptômes.
- Modification d’activité: si approprié, cesser ou limiter les activités qui causent un blocage de la cheville (p.ex. certaines activités sportives, ou la marche sur inclinaison) tend à engendrer une amélioration des symptômes.
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS): l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires (présumant que le patient n’ait aucune contrindication) peut être utile si les symptômes sont persistants.
- Une injection occasionnelle de corticostéroïdes à l’intérieur de l’articulation de la cheville peut aussi aider à soulager les symptômes, particulièrement s’il y a présence d’arthrose sous-jacente.
- Si des entorses fréquentes causées par une instabilité de la cheville sont source de formation d’ostéophytes, il peut être avantageux d’effectuer des exercices de renforcement de la cheville pour éviter les entorses à répétition.
Traitement opératoire du conflit de cheville antérieur
Le but du traitement chirurgical est d’enlever les ostéophytes qui causent un coincement ou le tissu irrité à l’avant de la cheville pour augmenter l’amplitude de mouvement de celle-ci. L’objectif de cette procédure est de diminuer la pression créée à l’avant de l’articulation lors de la marche ou lors d’autres activités. Ceci peut être accompli de manière arthroscopique, par l’entremise d’une caméra et de petits instruments insérés dans l’articulation. Alternativement, ceci peut être fait à l’aide d’une incision un peu plus large pour enlever les excroissances osseuses.
La résection d’ostéophytes est parfois couplée avec des procédures visant à stabiliser les ligaments latéraux de la cheville qui ont été étirés, ou, inversement, à étirer les tendons trop serrés à l’arrière de la cheville ou du mollet.
4 Septembre 2024